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Un regard de beauté et de bonté sur la vie et tout ce qu'elle nous offre au quotidien.

"Je suis Auxerrois !"

Ma-maisonnette.JPGMa "maisonnette", mise à disposition par les soeurs. Un charmant petit deux-pièces avec sanitaires et eau froide, au milieu du jardin


Me voici donc installée à Antsirabe, la 2e ville de Madagascar, dont j’apprécie le charme tout provincial. Quelle joie que de se sentir loin des embouteillages et de la pollution de la capitale !  Ici, nous sommes au paradis des pousse-pousse, des kinga, (petit taxi à trois roues et à moteur) et des vélos. Chacun se sent maître de la route… L’automobiliste et le piéton n’ont qu’à bien se tenir ! Les vazas sont harcelés, hélas !, surtout par les tireurs de pousse-pousse qui nous « dringuent » de leur petite clochette si caractéristique. Un blanc qui passe dans la rue provoque dont un concert de clochettes bien malgré lui. On se fait héler : « Pousse-pousse Madame ? Non ? Tout à l’heure ? Après ? » Je pense que les touristes, pour se débarrasser de ces demandes incessantes et donc importunes, répondent finalement « Tout à l’heure » ou « Après » afin de pouvoir continuer leur chemin tranquillement. Et puis les mendiants, comme partout ailleurs, jeunes et vieux, en guenilles : « De la monnaie ! Donnez-moi de l’argent ! »  Bref, traverser la ville, c’est choisir d’ignorer toutes ces sollicitations pressantes et tracer vaille que vaille sa route, envers et contre tout. Je sais qu’il y a des instants où le fait de se faire harponner sans cesse dans la rue, d’une façon ou d’une autre, devient très pénible et qu’on a envie de leur ruer dans les brancards à tous ces quémandeurs : « Laissez-nous vivre ! Laissez-nous respirer ! Ignorez-nous ! » Mais ces demandes sont veines et on tombera toujours sur une mère au coin de la rue qui nous pointe du doigt en s’adressant à son gosse : « Regarde, un vaza ! » Pas d’autre solution alors que d’aller trouver la dame en souriant, de la saluer en malgache poliment et de lui demander « ino vao vao ? » (Quoi de neuf ?) Là, on la désarçonne et elle part dans un fou rire. Et nous avec.

Pousse-pousse.jpg

 

Les Malgaches, au final, sont très accueillants et hospitaliers, malgré leur propension à vouloir à tout prix tirer de nous quelques sous. Ça se comprend, nous sommes dans l’un des pays les plus pauvre du monde. Avec mes 150 € mensuels, je touche trois fois le salaire d’un prof. Mais il y a aussi des Malgaches riches, très riches même, au volant de luxueuses voitures et qui habitent de belles demeures confortables avec eau chaude. Ce sont les Malgaches qui ont un pied (et de la famille) en France et l’autre ici. Ce sont les enfants du pays qui ont fait fortune. D’ailleurs, j’ai rencontré l’un d’eux à la boulangerie hier où, consciencieusement, j’achetais un pain français (le luxe inouï !) et un fromage (on ne se refait pas...) Le Monsieur en question me dit fièrement : « Vous êtes Française ? Moi aussi ! Je suis Auxerrois ! »  Je n’en croyais pas mes oreilles. J’ai cru mal entendre et je l’ai fait répéter, mais non, c’était bien ça : Monsieur, plus précisément, habite à Rogny-les-sept-Écluses et le voilà qui me vante le spectacle pyrotechnique annuel de ce village de Puisaye. J’ai vécu un petit décalage temporel et culturel, juste quelques minutes… Puis je me recale : je suis ici, pas là-bas… Toute la boutique a profité de nos exclamations surprises : vendeurs et clients se sont réjouis de cette rencontre improbable et ont conclu avec philosophie : « À Madagascar, tout est possible ! »

C’est sans doute vrai. Cela reste quand même à confirmer. L’impossible n’est quand même jamais très loin… Mais bon, je n’ai pas voulu briser cet élan optimiste car cela représente un joli petit brin d’espoir à mettre dans le vase de la confiance : un petit clin d’œil de la Providence sans doute, histoire de me rappeler que ce n’est pas moi qui mène la danse, contrairement aux apparences.. .

 

 

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B
<br /> Merveilleuse conclusion. Un peu de tristesse peut-être dans ce constat de l'impossible. Il le faut bien aussi. Il faut bien redire la pauvreté, les chiffres, mon dieu... comment fais-tu<br /> Christelle ?<br />
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M
<br /> <br /> <br /> <br /> Merci de ce partage de moments de vie qui nous plonge en quelques anecdotes "quelque part sur terre ou "la aussi Il mène la danse"<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> Michel<br />
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G
<br /> Un grand merci pour ton récit si bien écrit.<br />
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A
<br /> le fromage !...un Epoisses ? de chez Berthaut of course !!!!<br /> <br /> <br /> Dans cette jolie petite maison, tu dois apprécier cette petite sphère "à toi" ...<br /> <br /> <br /> merci de ta fidélité dans tes récits précis et agréables à lire.On se sent , quelque part, tout près de toi .<br /> <br /> <br /> je t'embrasse (ainsi que Jacques)<br />
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