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Un regard de beauté et de bonté sur la vie et tout ce qu'elle nous offre au quotidien.

Premiers pas malgaches

Voici donc quelques lignes extraites de mon journal de bord (eh oui, je vous cache des choses, je vous fais grâce de l'intégralité de mes notes...)

Lorsque j'aurai plus de connexion internet, je ferai mieux, promis ! Donc, à l'arrache, quelques extraits...

 

Vendredi 17 août

 

Hier, quel après-midi ! Mes premiers pas de « vaza » (les vazaha, appelés "vaza", sont les blancs) en ville... Il faut encaisser le choc. Dès que nous franchissons le portail du couvent, c’est le plain-pied dans la réalité malgache. Le couvent m’a servi d’espace de transition, c’est un lieu protégé qui permet un atterrissage « atténué » en quelque sorte.

 

Donc, les rues… que dire ? Les volontaires passés avant moi, et ce depuis des années, l’ont formulé chacun à sa façon : http://blog.ladcc.org/?cat=24

Pour ma part, je me réfère au premier mail que j’ai pu victorieusement vous envoyer hier soir, après la course au téléphone et à la clé 3G...

 

Ce matin, avec Lento, nous avons été à la rencontre de Sr Marie-Annick – Fille de la Charité ? (à vérifier) – arrivée à Mada il y a 40 ans avec le fameux P. Pedro. Elle a travaillé avec lui au début, puis dans le sud de l’île et depuis 30 ans dans ce quartier sud de Tana, voisin du nôtre. La sœur est connue de tous ici, c’est une légende vivante : elle possède, par exemple, un badge qui l’autorise à franchir sans aucune difficulté la douane de l’aéroport. Cette sœur, c’est le loup blanc, c’est le cas de le dire… On rencontre un problème administratif ? La sœur est là, avec ses entrées dans les ministères et bureaux du gouvernement. « C’est très pratique, mais il y a des revers… » nous dit-elle. C’est pour cette raison que nous voulions la rencontrer, afin qu’elle nous guide un peu dans toutes les démarches à effectuer pour obtenir le fameux visa long séjour. Elle nous accueille dans le dispensaire mis en place par la communauté. Celui-ci est ouvert au public du mercredi au samedi. Lundi et mardi, on ne prend que les urgences et on fait les courses. Tous les spécialistes consultent ici régulièrement, c’est-à-dire tous les 15 jours : dentiste, gynéco, ophtalmo, etc. Un médecin généraliste est là le mercredi et le vendredi, d’ailleurs nous le saluons. Les femmes avec leurs enfants attendent sagement sur les bancs, à l’entrée. Il y a aussi un homme qui tient un poupon emmitouflé. Mais ce n’est pas le seul boulot des sœurs, loin de là ! Elles sont quatre et fournissent un travail incroyable :

  • cours de promotion féminine sur 3 ans avec obtention d’un diplôme à la fin. Dans ces cours, on dispense un enseignement de base qui permettra aux femmes de mieux gérer leur vie quotidienne, d’après ce que je comprends.
  • cours de menuiserie pour les garçons. Formation officiellement non qualifiante mais tellement reconnue que les garçons sont pour la plupart embauchés à l’issue de celle-ci.
  • une école primaire
  • une cantine avec 1200 repas servis par jour en période scolaire. La cantine marche aussi pendant les vacances pour les plus pauvres (enfants et personnes âgées précise t-elle).

 

Tout cela ne serait pas possible sans l’aide des personnes du quartier qui les ont accueillies et qui les soutiennent. Tiens, ça me fait penser à cette petite phrase : « si vous aviez la foi grande comme une graine de moutarde… » À méditer ! Pour moi, pour beaucoup d’entre nous, une petite pierre sur le chemin représente bien trop souvent un obstacle infranchissable. C’est l’idée qu’on se fait de la situation à laquelle nous sommes confrontés qui guide notre comportement, c’est ce qu’on imagine qu’il va arriver qui commande nos pensées et notre agir. La foi, c’est précisément renoncer à cela pour n’imaginer que le meilleur du possible. Et c’est ce que font ces sœurs. Par la volonté de quatre bonnes femmes, ce sont des centaines de personnes qui bénéficient d’une aide, d’un encouragement, d’une éducation. Leur communauté est derrière, bien entendu ! Décidément, à chaque fois que je prends la plume pour (d)écrire quelque chose, il me vient cette phrase en tête, comme un leitmotiv : « nul n’est une île ». Ce sera mon « slogan » pour Madagascar, cette belle île. On ne peut rien faire seul. Aucune de notre action, même si elle paraît individuelle, venant de nous ou tournée vers nous, n’est solitaire. Elle est destinée, même dans l’invisible, à plus que nous, que notre entourage immédiat. Chacun de nos gestes, même les plus secrets, ont un impact sur le monde entier, j’en suis convaincue !

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Samedi 18 août

 

Le temps s’étend. Il se déroule tel un tapis rouge sous mes pieds, au fur et à mesure des heures et des jours. J’ai l’impression qu’il m’invite à l’écoute, à l’attention. Chaque minute compte.

Les sœurs ont commencé leur retraite hier soir. La maison est comble ! Elles sont joyeuses et efficaces, tout s’organise au mieux : les offices, la cuisine, les conférences… Moi je suis spectatrice, respectant leur silence. Je profite de ces jours pour faire une sorte de retraite intérieure. Pour cela, je me concentre au maximum sur le présent : ces heures qui me sont offertes représentent autant de pierres précieuses à enfiler pour faire un collier que je porterai pendant ces deux années, parure de patience.

Inutile de remuer des pensées stériles : après la séance de travail réalisée hier avec les sœurs directrices des écoles, un beau programme m’attend ! D’abords un séjour au centre de Tananarive pour faire mes papiers, apprendre quelques rudiments de malgache et rencontrer, si possible, l’évêque. Puis, à partir d’octobre, mois de la rentrée scolaire, une vie pérégrinante (décidemment !) se dessine, avec un mois dans chaque école. Nous nous sommes mis d’accord sur le contenu de mon action. Je suis heureuse, cela m’ouvre une perspective.

 

Pour « penser malgache » (si jamais cela était possible pour autres, vaza), il faut prendre en compte des paramètres très importants, essentiels mêmes, qui régissent la vie courante. Je ne parle pas ici d’us ou coutumes ni de psychologie, car je ne connais rien en ce domaine. Je parle du concret du quotidien. Commençons par le transport puisque ce fut là ma première expérience. Pour se déplacer, on utilise les taxis-bé, entendons grands taxis, c’est-à-dire des vans ayant déjà bien vécus, avec des sièges déglingués et des chauffeurs un peu fous... On s’entasse, on utilise les strapontins, planches de bois que l’on pose au milieu, dans l’allée, en utilisant l’appui des sièges voisins. À chaque arrêt, c’est le jeu du siège ou strapontin musical : quelqu’un descend et tout le minibus se réorganise, tout le monde change de place pour libérer les strapontins pour ceux qui montent… Vous me suivez ? Non ? C’est normal !!!! Le taxi-bé, c’est avant tout une expérience, ce n’est pas de la poésie !!! On est serré comme des sardines, et pour cette raison une taille en moins au niveau des hanches (disons un 38 au lieu d’un 40 !) serait très appréciée. On donne 600 ariarys (soit environ 20 cts d’euro) au « contrôleur » qui n’en est pas un : les types aux vestes bleues empochent le prix du voyage, organisent les arrêts à la demande, les montées et descentes souvent scabreuses car celles-ci s’effectuent souvent en roulant, le chauffeur ne voulant pas perdre sa place dans la file de véhicules, à cause des embouteillages monstres qui caractérisent la circulation dans la capitale. Donc, inutile de vous préciser que prendre le taxi-bé, c’est un sport presque dangereux ! 

 

La suite au prochain numéro....    

 

AVERTISSEMENT : Je ne peux pas répondre personnellement à tous les mails d'encouragement que j'ai reçu jusqu'à ce jour. Vous m'en voyez désolée !!! Ma connexion internet est pour l'instant insuffisante et à chaque connexion, c'est une course contre la montre. Cela ne doit pas vous dissuader de m'envoyer des messages qui sont toujours les bienvenus, même si cela paraît assez ingrat pour vous. Je devrais prochainement changer de formule de connexion... Merci de votre compréhension !

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B
<br /> Vite vite la suite ! J'espère que tu auras le temps et la possibilité de poursuivre. S'il te plaît, continue : on te suit au jour le jour. On découvre avec toi. C'est unique !  Ce que j'aime<br /> particulièrement, ce sont les reflexions que tu intercales dans ton récit (par exemple, ce que tu écris à propos de la patience...). Et tes sentiments. Tu es heureuse dis-tu. Je le suis pour toi.<br /> A bientôt !<br />
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M
<br /> merci , je pense à toi et prend le temps de te lire ...sur mon lieu de travail!!!  chut !!!ah!ah!ah!   , tous les matins et cela me donne le courage....Bisous. Bonne route<br />
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Y
<br /> Je ne connais pas les taxis-bé, mais j'en ai pris un à Douala en juin dernier, donc je retrouve bien la description à quelques choses près !<br /> <br /> <br /> sauf que ce type de grand taxi s'arrêtait pour la descente et la montée des passagers, ce que j'ai tout de même apprécié.<br /> <br /> <br /> Bonne acculturation à toi et apprentissage de la langue malgache.<br /> <br /> <br /> Yolande<br />
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H
<br /> tonga soa christelle !!! bienvenue en terre malgache ....<br /> <br /> <br /> c'est un plaisir de te lire , bonne decouvertet instalation dans  cette ile où le mot accueil n'est pas vain .<br /> <br /> <br /> helene<br />
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L
<br /> Merci,Christelle, pour ce partage; Je suis contente d'avoir lu le bouquin que tu m'as prêté et qui m'a permis de mettre un pied à Madagascar et de continuer ce voyage avec toi (attention, je sais<br /> qu'à travers ces lectures, je reste encore TRÈS loin de la réalité..)<br /> <br /> <br /> Mais surtout, ta foi nourrit la mienne et, du coup, te lire (au quotidien???) fera que ton expérience malgache aura des effets ici. C'est l'effet papillon, non???<br /> <br /> <br /> Je t'embrasse. <br />
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