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Un regard de beauté et de bonté sur la vie et tout ce qu'elle nous offre au quotidien.

Les Évangiles n'appartiennent pas qu'aux Chrétiens

Les Évangiles n’appartiennent pas qu’aux chrétiens. Elles appartiennent à l’humanité tout entière, tout comme les textes sacrés appartiennent à tous. Reçus dans une culture, une langue, une tradition, ils doivent finalement y échapper pour donner au monde leur sève de paix et d’amour. Chaque homme qui reçoit ces textes a le devoir de les lire non pas à la lettre mais dans l’esprit. Cela demande un grand travail, un travail d’accueil qui le dépasse tant les cadres étroits dans lesquels l’ont enfermé culture et traditions sont bien souvent des prisons dont il a peine à franchir les murs. L’ouverture n’est pas facile. On ne souhaite pas toujours allez voir « dehors », à la lumière d’un nouveau jour, ce que les générations précédentes ont transmis dans une obscure fidélité. Notre pensée est formatée, c’est inévitable.

Mais il y a un temps pour chaque chose comme dit l’Ecclésiaste. Le temps de l’annonce et le temps du dévoilement. Aujourd’hui, tout le monde peut s’approprier les écrits spirituels, pas besoin de « croire en Dieu » pour lire la Bible ou le Coran et s’en laisser inspirer. C’est ce que fait par exemple Erri De Luca, écrivain italien athée, qui lit le Premier Testament (la Torah) en Hébreu et en tire une nourriture qu’il distille dans ses livres et grandit notre humanité.

Maintenant la spiritualité se dit par des mots nouveaux, se diffuse par des canaux qui échappent aux institutions religieuses. Je parle de ma sphère linguistique et culturelle. Des personnes très loin des Églises et des religions peuvent recevoir des messages qui donnent une intensité particulière aux écrits bibliques, comme Gitta Mallasz et ses compagnes qui, en Hongrie sous occupation allemande, à partir de 1942, ont reçu les messages de leurs maîtres intérieurs, canalisés par l'une d'elle, Hannah. Ces « dialogues avec l’ange », aujourd’hui publiés dans de nombreuses langues, donnent une telle profondeur du message dit « chrétien », alors qu’il fut porté par de jeunes Juifs athées morts assassinés en camps de concentration (sauf Gitta qui, de souche chrétienne mais non pratiquante, a survécu, s'est réfugiée en France et a pu y publier les dialogues.)

Non, les Évangiles n’appartiennent pas exclusivement aux chrétiens ! La torah n’est pas l’unique propriété des Juifs et le Coran des musulmans. Ces textes ont une saveur que nous pouvons tous goûter si peu que nous faisons l’effort de les lire avec une intelligence éclairée par le cœur. À chaque génération ses interprétations ! Les écrits ont leur vie propre, leur rythme, ils se révèlent nouveaux alors que des millions les ont déjà interprétés. À mesure que notre conscience s’élargit, à mesure que nous comprenons de mieux en mieux de quelle façon nous appartenons à l’univers, à mesure que notre perspective devient plus élevée, les textes sacrés nous livrent de nouvelles saveurs, des mystères encore cachés. Lisons Annick de Souzenelle qui, en nous invitant à plonger dans la lumière d’une interprétation ontologique, dissout toutes les mièvreries morales et religieuses qui empoisonnent encore nos catéchèses. Pas facile de transmettre ! La transmission est d’abord expérience : qui n’a pas le cœur brûlé ressasse des mots qui emprisonnent.

Ce que j’entends aujourd’hui à la messe, c’est ce que j’entendais lorsque j’étais enfant. Il y a 40 ans, cela me convenait parfaitement. Aujourd’hui j’ai faim. J’ai besoin depuis longtemps d’une autre nourriture. Je ne me rassasie plus de « bonnes actions » et d’implications sociétales, d’un Jésus copain, frère ou ami, d’un Bon Dieu bien Bon là où Il est dans son Ciel qui reste inaccessible, non, j’ai besoin de mystique, de sens, j’ai besoin de prendre de la hauteur, j’ai besoin d’apprendre à vivre ma vocation divine, j’ai besoin de devenir le Christ. J’ai donc changé de régime. Je n’attends de personne ni d’aucune Église une prise en charge de ma vie spirituelle. Ma nourriture, j’ai appris à la trouver par moi-même, dans la prière, les lectures, les discutions et rencontres de personnes très diverses. Certaines personnes appartiennent à une Église, d’autres non. L’eucharistie est un repas de joie partagé avec qui ouvre son cœur, qui nourrit par son écoute intérieure, par ses paroles bienveillantes. Le sacrement est le frère et la sœur, là avec moi, humanité en devenir de lumière dans une recherche commune. Rien de statique, de figé. Je ne suis pas un entonnoir qui doit gober, je suis participante à cette liturgie qui s’improvise dans l’amour et l’amitié. C’est très concret. C’est un repas familial, c’est un repas avec des amis, c’est un moment de partage, c’est une aventure, une découverte vécue ensemble. Le temple, ce sont les cœurs reliés.

Je vis donc ma foi « en plein air » et je me dis que si les bancs de l’église, si joliment fleurie, restent vides, c’est que je ne suis pas la seule. D’ailleurs j’en rencontre beaucoup de ces chrétiens qui ont choisi les chemins de grande randonnée, qui osent aller voir ailleurs si Dieu y est (aussi !) ? Souvent ils le trouvent…. et bien plus vivant que dans les Églises ! Mais je ne veux pas dire qu’elles sont inutiles, ces Églises. Loin de là ! Pour moi, l’Église qui m’a fait grandir est simplement devenue ennuyeuse et triste. Sans doute justement parce que j’ai grandi, et que j’ai eu l’opportunité de faire quelques escapades chrétiennes salutaires qui m’ont ouvert des portes intérieures. Je me sens loin des routines paroissiales, alors qu’elles restent nécessaires pour bon nombre de personnes, j’en suis convaincue. Les générations se succédant, la foi revêt de nouvelles expressions, laissons-les naître et s’épanouir sans peur ! Utilisons un nouveau vocabulaire ! Parlons d’énergie, de vibration, parlons de l’au-delà, ne parlons pas seulement de ce qui vient après la mort (est-ce vraiment une mort ?), parlons aussi d’où nous venons, d’une seule vie qui se déploie en plusieurs expériences de vies, d’une âme qui deviendra lumière, de notre partie divine qui nous lie à la Source, à l’Amour plénier. Osons franchir nos barrières doctrinales, osons revoir nos interprétations intellectuelles, osons dépasser notre vision basée sur la dualité pour nous faire advenir la meilleure version de nous-mêmes, qui est la version divine.

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