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Un regard de beauté et de bonté sur la vie et tout ce qu'elle nous offre au quotidien.

"Le plus être" de Philippe Mac Leod

En ce début de carême, alors que nous entamons la longue marche qui mène à Pâques (c'est la longue marche de toute la vie me direz-vous), je propose à votre méditation cet extrait du dernier livre de Philippe Mac Leod "Petits chroniques d'un chrétien ordinaire". Si un jour vous le tenez entre les mains, vous y découvrirez des pages savoureuses, poétiques, spirituelles, nourrissantes. L'auteur (poète reconnu) nous fait aborder des rivages intérieurs "inédits", si nous avons le courage de le suivre. J'espère que cet extrait vous mettra l'eau à la bouche !

 

Le plus-être

 

   Chemin Le chemin qui mène à Dieu est simple et difficile ; difficile parce qu'il demeure simple ; étroit, parce qu'il se veut sans artifice. Et libre, toujours libre, de cette liberté intérieure, j'entends, éprise, soucieuse, amoureuse de vérité - d'une vérité qui ne se vérifie que dans la liberté.

  

    Aussi, ne te protège pas, ne fuis pas la confrontation avec le monde. Va, cours, ne crains pas de risquer ta vérité, expose-la à toutes les agressions du réel. mais sache aussi risquer ta liberté, que ta seule passion de la vérité la guide et la garde intègre.

 

    Prier, ce n'est pas se tenir bien droit sur sa colonne, ni suivre patiemment sa respiration, mais passer au travers, par grâce, sans l'avoir cherché, ni même désiré, en s'offrant tout entier à cette présence diffuse ou infuse, qui nous enveloppe ou murmure en nous, et il n'est sans doute pas d'autre ascèce que cette attention libre et directe, purement spirituelle. Il me suffit d'être éveillé, non pas mentalement, mais en mon centre intérieur, qui ne peut s'atteindre par un régima alimentaire, par la hauteur de mon diaphragme, par des formules hypnotiques, mais par l'intention, la lampe du corps, le regard intime, l'orientation à la racine profonde du désir, qui toujours, s'il est authentique, saura trouver ce qui le fait brûler.

 

    Tu n'accéderas pas à la liberté par une discipline extérieure, mais par une rigueur d'un autre ordre : la vérité de ta recherche, sans moyen, sans technique, sans autre appui que ta densité intérieure, le niveau de profondeur où ton quotidien s'enracine, la pureté sans cesse revisitée de la flamme qui t'anime.

 

    On confond souvent le spirituel et le psychique. La sérénité, la détente, le bien-être sont des résultats appréciables, mais l'âme reste hors d'atteinte. Le psychique ne dépassera jamais la thérapie qui n'a qu'un but : le mieux-être. Le spirituel, lui, nous travaille dans une perspective radicalement différente : le plus-être, comme une soif de lumière, une croissance purement qualitative, une soif insatiable du Dieu vivant, réel, celui qui se vit, qui entre dans mon expérience.

la dévotion chrétienne ne devrait reconnaître qu'une seule école : "Il faut qu'il grandisse et que moi je diminue" (Jn 3,30). C'est le passage obligé. Où que nous soyons, quoi que nous fassions, faire une place toujours plus grande à la crainte de Dieu, oui, si mal comprise, qui n'a rien à voir avec la soumission, ni la distance respectueuse, mais qui peut se traduire plus simplement par le souci de Dieu. S'effacer, se retirer, non par timidité, mais avec aisance, avec maturité, pour laisser passer, devant moi, celui qui est plus grand que moi, et qui deviendra davantage moi-même que je ne l'étais.

 

    L'écoute patiente, l'humilité dans l'épreuve et la contradiction feront d'excellents exercices pour apprendre à te recentrer. Et milles petites pratiques quotidiennes, dont les autres savenet si bien te donner l'occasion, qui seront autant de victoires sur toi-même, autant de libérations, de percées hors de cette coquille qui se reforme et se referme dès qu'on la laisse tranquille. mais par-dessus tout, il te faut entretenir le contact avec la nature, avec la vie secrète du monde, qui à la fois relativise la nôtre, dans sa version individualiste, et l'exalte dans son expression universelle. Je ne suis qu'une voile, je ne suis ni l'immensité de l'océan, ni les vents qui la parcourent, mais tout, tout est là, au creux de cette petite voile tendue, qui n'a trouvé sa liberté qu'abandonnée au souffle qui l'emporte. le Royaume est en toi, comme l'infini, et tu le sais, le combat est caché. Dieu, pour l'heure, ne te demande pas de faire de grandes choses, mais d'être grand dans les petites choses. C'est là que la vérité t'attend.

 

Philippe Mac Leod, Petites chroniques d'un chrétien ordinaire, Ed. DDB, mai 2010, 17 euros.

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J
<br /> Sur le chemin de Pâques, 40 jours pour refaire nos forces par la Parole et renouer avec la joie<br /> "Voilà comment la patience se manifeste : si le croyant, atteint par l'amertume de la douleur, est retenu par la crainte de Dieu, comme par une bride, elle ne se transforme pas en colère ou autres<br /> excès. C'est cela qui produit la joie et le bonheur, lorsque le croyant, étreint par la tristesse et la douleur, reçoit la consolation spirituelle de Dieu." Jean Calvin, Institution de la Religion<br /> Chrétienne, III, VIII, 8.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> L'essentiel de la vie est écrit là, avec délicatesse et élégance.<br /> <br /> <br />
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